Intitulé officiel : République kirghize
Capitale : Bichkek (670 000 hab.)
Superficie : 198 500 km2
Population : 5,5 millions
Peuples et ethnies : 64,9% de Kirghiz, 13,8% d'Ouzbeks, 12,5% de Russes
Langue : kirghiz, ouzbek, russe
Religion : 75% de musulmans, 20% d'orthodoxes
Régime politique : république parlementaire
Président : Almazbek Atambaïev
Le saviez-vous ? : Pays de hauts cols que traverse la route de la soie, ses sites chamaniques ou religieux, ses caravansérails et villages cosmopolites enrichissent de belle manière une nature de caractère.
Le saviez-vous ? : La sécheresse de l’air efface toute nébulosité, rend le moindre détail visible à des kilomètres. La nuit, si l’on lève le regard par le trou central de la yourte, on voit plus d’étoiles que nulle part ailleurs. Le ciel a la transparence du cristal le plus pur.
Le saviez-vous ? : Les paysages sont ceux des hautes steppes et des montagnes géantes de l’Himalaya, du Kun Lun et du Pamir qui portent les plus grandes montagnes de la planète. On pourra y parcourir des dizaines de kilomètres dans une solitude totale.
premier ministre : Temir Sarïev
- PIB : 12,09 milliards $US
- PIB par hab. : 2 200 $US
- Croissance : 2%
- Inflation : 6,9%
- Chômage : 18%
- Principales activités : coton, textile, agriculture (élevage et culture de pommes de terre...), or et métaux rares, tabac
- Principaux partenaires : Chine, Russie, Kazakhstan, Ouzbékistan, Suisse.
Les premiers habitants du Kirghizistan actuel étaient des tribus guerrières de Sakas (aussi connus sous le nom de Scythes), qui occupèrent le pays du VIe siècle av. J.-C. au Ve siècle de notre ère. Ce fut sans doute chez eux qu'Alexandre le Grand rencontra la plus grande résistance à son avancée en Asie centrale au cours du IVe siècle av. J.-C. De riches reliques en bronze et en or ont été découvertes sur des sites scythes au lac Yssyk-Köl et dans le sud du Kazakhstan.
Du VIe au Xe siècle, la région était sous le contrôle de diverses alliances turques, avec une population importante installée sur les rives du lac Yssyk-Köl. En 751, le Kirghizistan fut la scène d'une bataille clé de l'histoire, lorsque les Turcs, associés aux Arabes et aux Tibétains, parvinrent à chasser d'Asie centrale la puissante armée chinoise des Tang. Les ancêtres des Kirghiz actuels vécurent sans doute en Sibérie, dans le haut du bassin du Ienisseï, jusqu'au Xe siècle, où suite aux nombreuses invasions mongoles, ils commencèrent à migrer vers le sud, dans le Tian Shan (un mouvement qui s'accéléra encore avec l'arrivée de Gengis Khan, au XIIIe siècle). Le Kirghizistan actuel faisait partie de l'héritage du second fils de Gengis Khan, Chagatai.
En 1685, la paix fut brisée avec l'arrivée des impitoyables Mongols Oirats de Dzoungarie, qui amenèrent de nombreux Kirghiz à fuir vers le sud, dans le Tadjikistan actuel. Suite à la défaite des Oirats face aux Mandchous (Qing), les Kirghiz devinrent de facto sujets des Chinois mais, dans l'ensemble, ces derniers les laissèrent à leur vie de nomades. Au XVIIIe
siècle, les tentacules féodales du khanat de Kokand commencèrent à menacer les tribus kirghizes, mais ces dernières leurs résistèrent farouchement depuis leurs redoutes du Tian Shan. Voyant les Russes se rapprocher, plusieurs chefs kirghiz conclurent au XIXe siècle leurs propres accords de paix avec Kokand ou la Russie. Petit à petit, les forces russes
finirent par marcher sur la ville de Kokand, remportant une victoire décisive à Tachkent en 1865. Les Kirghiz, pour leur part, furent graduellement intégrés aux provinces tsaristes de Ferghana et Semireche.
La redistribution des terres aux colons russes ne rencontra tout d'abord pas beaucoup de résistance de la part des Kirghiz, cependant en 1916, éclata une révolte qui fut sauvagement réprimée par l'armée russe. En 1918, les terres kirghizes furent rattachées à la République socialiste soviétique autonome du Turkestan avant d'être elles-mêmes érigées en région autonome des Kara-Kirghiz en 1924 pour, finalement, recevoir le statut de république fédérée en 1936. Les réformes territoriales des années 1920 avaient entraîné la sédentarisation de nombreux nomades. Ce mouvement fut encore renforcé dans les années 1930, suite à une terrible campagne de collectivisation.
Malgré la majorité conservatrice à la tête du Kirghizistan lors de la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, un mouvement en faveur de réformes sociales vit le jour, certains activistes allant même jusqu'à s'emparer des terres inexploitées pour y construire des logements. Ce furent d'ailleurs des questions de terre et de logements qui furent à l'origine des pires
violences "ethniques" qui eurent lieu en Asie centrale entre Ouzbeks et Kirghiz, en 1990, dans les environs d'Och. En février 1990, les élections organisées au Soviet suprême kirghiz virent, bien entendu, la victoire écrasante du parti communiste kirghiz (KCP), qui remporta la presque totalité des sièges. Après plusieurs scrutins, ce fut un physicien, Askar
Akaev, qui, dans un souci d'ouverture, fut nommé président.
Réformateur obstiné, Akaev entreprit la restructuration de l'appareil exécutif afin qu'il corresponde à son attitude libérale et mit en place des réformes considérées comme les plus radicales effectuées à ce jour dans une république d'Asie centrale.
En août 1991, le Soviet suprême kirghiz vota à regret l'indépendance du Kirghizistan. Six semaines plus tard, Akaev, sans concurrent, fut réélu président. À la fin de l'année, le Kirghizistan rejoignit la Communauté des États indépendants (C. E. I. ). En mai 1993, une nouvelle Constitution sonna la fin des derniers vestiges institutionnels de l'ère soviétique et, lors du référendum de 1994 et des élections de début 1995, Akaev et son programme économique remportèrent un large soutien.
L'année suivante, le Kirghizistan signa un accord de non-agression avec la Russie, la Chine, le Kazakhstan et le Tadjikistan.
Après les élections législatives des 27 février et 13 mars 2005, dont les résultats sont contestés par l'opposition, des manifestations ont lieues pour réclamer la démission du chef de l'Etat. Le 24 mars, Askar Akaïev, à la tête de la république du Kirghizstan depuis l'indépendance du pays, en 1991, est renversé en une journée et se réfugie à Moscou. Le peuple porte l'un de ses anciens premiers ministres, Kourmanbek Bakiev, au poste de président par intérim. L'homme promet notamment de mettre fin à la corruption qui gangrène le pays depuis de nombreuses années. Il sera élu le 10 juillet avec 88,92% des voix.
2006 - L'opposition organise de nombreuses manifestations afin d'obtenir une réforme constitutionnelle qui réduirait les pouvoirs du président. Après une victoire de courte durée, une crise institutionnelle permet à celui-ci de retrouver son statut initial.
2007 - Le 29 janvier, Azim Issabekov, ancien ministre de l’agriculture, est nommé Premier ministre.
2009 - Malgré les accusations de fraude électorale et de censure des médias, Bakiev est réélu président en juillet.
2010 - Les 6 et 7 avril, à Talas et à Bichkek, une manifestation antigouvernementale tourne à l’émeute. Les forces de l’ordre sont dépassées, et les manifestants prennent d’assaut les bâtiments gouvernementaux. Au final, les émeutes font 88 morts et plus de 500 blessés. Bakiev s’enfuit, et l’opposition kirghize met en place un gouvernement intérimaire dirigé par Roza Otounbaïeva. Le 19 mai, des tensions éclatent dans une université privée de Jalal-Abad, où les violences entre Ouzbeks et Kirghiz font 2 morts et d’innombrables blessés. Le 9 juin, les tensions interethniques embrasent les rues d’Och et de nouveau celles de Jalal-Abad. Après cinq jours d’émeutes, on recense près de 200 morts et quelque 200 000 déplacés, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées. L’Ouzbékistan autorise la moitié de ces réfugiés à franchir ses frontières avant de les fermer. Le gouvernement intérimaire de Bichkek, perd le contrôle d’Och et réclame l’aide de la communauté internationale. Les violences se sont tues, mais la situation reste tendue, et des milliers de réfugiés cherchent encore asile à la frontière.
GENERAL :
À peine plus grand que l'Autriche et la Hongrie réunies, le Kirghizistan est un pays très cloisonné, bordé par le Kazakhstan au nord, la Chine à l'est, le Tadjikistan au sud et l'Ouzbékistan à l'ouest. Près de 95% du territoire est montagneux, dont quasiment la moitié au-dessus de 3 000 mètres et les trois quarts continuellement couverts de neige ou de glaciers. Dans le Sud-Est, la crête du système montagneux du Tian Shan est formée par le spectaculaire massif du Kakchal-Tau, extraordinaire frontière naturelle entre le Kirghizistan et la Chine, culminant au pic Pobedy (7 439 m), le plus haut point du pays. La frontière sud avec le Tadjikistan longe la chaîne du Pamir. Profond de presque 700 mètres, le lac Yssyk-Köl se trouve dans une grande dépression au bord du Tian Shan, à l'est du Kirghizistan.
FAUNE ET FLORE :
Bien que l'Asie centrale ne soit pas exempte de problèmes écologiques, les voyageurs ont de bonnes chances d'y voir une faune et une flore des plus originales. Dans les montagnes du Kirghizistan s'étendent de vastes prairies dans lesquelles les voyageurs peuvent parfois voir courir des antilopes par la fenêtre de leur bus ou de leur train. Les marmottes et les pikas servent de proies aux aigles et aux gipaètes barbus tandis que les quelques léopards des neiges chassent le bouquetin sur les pentes rocheuses. Les épicéas, les mélèzes et les genévriers des forêts du Tian Shan abritent des lynx, des loups, des sangliers et des ours bruns. En été, les fleurs sauvages offrent un véritable festival de couleurs.
COUTUMES :
Peuples d'origine nomade, les Kirghiz ont encore aujourd'hui conservé un attachement très fort avec leur mode vie ancestral rythmé par les saisons. Pour preuve la place centrale qu'occupent le cheval et la yourte. La yourte, tente circulaire utilisée depuis le VIe siècle, est le refuge des familles qui montent dans les alpages à la belle saison. Les Kirghizes sédentarisés continuent par ailleurs à vivre dans leur appartement comme s'il s'agissait d'une yourte. Le cheval est central dans la vie des nomades. Parmi les nombreux jeux équestres communs aux peuples nomades d'Asie centrale, le kyz-kuu (« rattraper la fille ») est une course qui oppose la gent féminine et la gent masculine : le garçon doit arriver premier tout en évitant les coups de cravache de la jeune fille. S'il gagne, il obtient un baiser de la belle. Une autre coutume, toujours en vigueur : les parents d'une famille nombreuse font don d'un de leurs bébés sevrés à un couple stérile.
ARTS :
La littérature centre-asiatique a traditionnellement été popularisée sous forme de chansons, de poèmes et d'histoires par des conteurs ambulants baptisés akyn. Toutefois, le Kirghizistan est aussi associé à une œuvre plus complexe : un cycle entier de légendes orales, long comme vingt fois l'Odyssée, contant les aventures d'un héros baptisé Manas. Certes, les légendes de Manas font partie d'une tradition beaucoup plus vaste et ancienne, mais elles sont surtout associées au peuple et à la culture kirghize depuis que des chercheurs russes les leur ont attribuées en tentant de bien séparer les différentes cultures d'Asie centrale. Bien que la tradition orale ait quasiment disparu, Manas reste une figure mythique de la culture kirghize. Le Kirghizistan a aussi donné naissance à deux célèbres écrivains contemporains : Chinghiz Aitmatov et Kazat Akmatov.
GASTRONOMIE :
Riz, savoureux assaisonnements, légumes, yoghourt et viandes grillées : la cuisine centre-asiatique ressemble à celle du Moyen-Orient ou de la Méditerranée. Les plats servis au Kirghizistan trouvent leur origine dans la cuisine nomade et sont donc principalement à base de viande (y compris d'abats), de produits laitiers et de pain. La cuisine kirghize n'est pas particulièrement subtile : on n'hésitera pas, pour relever un plat plutôt fade de viande et de pommes de terre, à servir à côté un second plat assez relevé qui vous mettra la bouche en feu. Omniprésent, le thé est le plus souvent servi avec du lait. En dépit de leur héritage musulman, la plupart des Kirghiz boivent de l'alcool, du moins avec leurs invités. Si vous n'aimez pas les alcools forts (en général, de la vodka), mieux vaut vous en excuser à l'avance. On vous servira aussi peut-être du kumys, lait de jument fermenté et légèrement alcoolisé, disponible uniquement au printemps et en été, lorsque les juments mettent bas. En revanche, le bozo (alcool épais et mousseux à base de millet fermenté) est disponible toute l'année.
RELIGION :
Le Kirghizistan est une république laïque dont la constitution garantit la liberté de culte. La religion dominante est l'islam sunnite. Comme chez l'ensemble des peuples nomades d'Asie centrale, la coutume nomade, adat, prévaut souvent sur la charia. Lors de la période soviétique, le christianisme de l'Église orthodoxe russe et l'islam étaient les religions principales dans le pays, les Russes étant généralement orthodoxes, alors que les Kirghiz, les Ouzbeks et les ethnies turcophones non slaves, étaient majoritairement sunnites. Depuis, sont apparues d'autres confessions - protestants, catholiques, témoins de Jéhovah ou secte hari krishna. Aujourd'hui, les musulmans représentent environ 65 % de la population, contre 25 % pour les orthodoxes et 10 % pour les autres confessions.
Presque tous les habitants du Kirghizistan sont musulmans, mais l'islam n'a qu'une influence mineure sur la population. Géographiquement isolées, les provinces du Sud sont souvent plus conservatrices et islamisées que celles du Nord, plus industrialisées et proches de la culture russe. Ces différences sont encore accentuées par des questions tribales certes anciennes, mais encore d'actualité. Le Kirghizistan n'a pas imposé la langue kirghize aux personnes ne la parlant pas (à la différence de l'Ouzbékistan avec l'ouzbek), et le russe est encore très pratiqué, en particulier dans le Nord.
On compte une trentaine de langues parlées au Kirghizistan. Leurs origines sont altaïques (turque), indo-européennes, sino-tibétaines, caucasiennes, ouraliennes et coréennes. Le kirghiz et le russe sont les langues majoritaires et officielles, mais les minorités linguistiques représentent 47% de la population. Il y a plus de Kirghizes (64,9 %) que de locuteurs kirghiz (52,7 %). Le kirghiz officiel est celui du Nord, lequel a subi les influences du mongole et du kazakh, dont il est très proche. Le kirghiz du Sud a subi celles de l'ouzbek, du farsi et du tadjik. Inversement, il y a plus de russophones (30,3 %) que de Russes (12,5 %) car de nombreuses communautés minoritaires (Ukrainiens, Allemands, Biélorusses, Arméniens, Géorgiens, Tatars, Coréens, Kurdes ou Bachkirs) utilisent le russe comme langue de communication.
Guide
"Asie centrale" éditions lonely planet
Petit Futé Kirghizistan 25 juin 2014 de Petit Futé
Petit Futé Kirghizistan 13 juin 2014 de Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette
Cartographie
Kirghizistan 1:750K voyage Carte géographique Gizi 2013 de GiziMapsHU
Tian Shan (Kirghizistan) 1:100 000 Trekking Carte, stratifié, GPS compatible TQ2014 de TerraQuest Editions
Littérature
Ekaterina Lousanova et Zemfira Salpagarova, Kirghizistan. Une république en Asie centrale, Olizane, Genève, 2001
Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Le Guide de l'Asie centrale : Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Nouvelles Éd. de l'Université, Paris, 2001
Kirghizstan, Éditions du Centre français du commerce extérieur, 1998